Ce vendredi 20 octobre, Nicolas Dupont-Aignan, député l’Essonne et candidat à l’élection présidentielle, était invité sur iTélé.
A la veille du sommet européen de ce week-end, visant à préparer le sommet européen de mercredi, visant lui-même à préparer le G20 des 3 et 4 novembre à l’issue duquel on se décidera peut-être enfin à nous avouer que l’eurozone est foutue, il fut logiquement question du « sauvetage » de l’euro. D’ailleurs, quand on invite « NDA » c’est pour qu’il fasse son numéro eurosceptique. Cela semble amuser follement les journalistes qui n’hésitent pas, pour que le show soit réussi, à tendre eux-mêmes à l’élu gaulliste la verge avec laquelle il les rossera.
C’est ainsi qu’au détour d’une interview pourtant fort sérieuse, une jeune et jolie brune osa cette question confondante de naïveté bourgeoise « comment ferons-nous, si l’euro disparaît, pour voyager en Europe ? ».
Saperlipopette ! Voilà bien une question qu’on omet trop souvent d’aborder, tant nous avons pris l’habitude de parcourir les plages thaïlandaises, d’arpenter la grande muraille de Chine, de flotter sur l’onde de la mer Morte et de batifoler parmi les girafes de Namibie. Comment feront ceux d’entre-nous que l’indigence oblige à se contenter de promenades intracontinentales pour divaguer à leur aise dans une Europe sans euro ?
Voilà bien la question de la dernière chance. La question de l’interviewer qui a compris qu’il n’y en a plus d’autres à poser, et que l’euro est condamné.
Nicolas Dupont-Aignan se souvient quant à lui que tout le monde n’a pas le loisir de se poser ces questions-là. Sans doute a-t-il lu Zygmunt Bauman, et en a-t-il retenu que « ce qui sert de distinction entre ceux qui sont "en haut" et ceux qui sont "en bas" de la société de consommation, c’est leur degré de mobilité, c'est-à-dire leur liberté de choisir l’endroit où ils veulent être ».
Non, nous ne pouvons pas tous sillonner l’Europe. Non, nous n’avons pas tous l’heur d’être des « touristes » au sens baumanien. La réponse de NDA fut d’ailleurs sans appel: « pour pouvoir voyager, encore faut-il avoir un boulot ».
Coralie Delaume